Enregistré en novembre 2016 à Bordeaux lors du festival L'Esprit du piano, ce récital de Jean Baptiste Fonlupt capte immédiatement l'attention. L'urgence, l'intensité et la prise de risques contribuent largement à l'impression ressentie tout au long d'un parcours qui débute sereinement par une interprétation intimiste du Prélude en ut dièse mineur de Chopin et prend ensuite son envol avec une Ballade n°4 pleinement maîtrisée qui ne perd jamais de vue le sens discursif.
L'Arabesque de Schumann se déroule avec fluidité et sans affectation, puis la lecture de la Novellette op. 21 n°8 dessine des paysages à la fois poétiques et inquiets, où derrière les apparences transparaît l'envers angoissé du décor. Morceau de résistance, Bénédiction de Dieu dans la solitude extraite des Harmonies poétiques et religieuses de Liszt témoigne non seulement d'alchimie sonore, mais aussi d'un art quintessencié du discours. La notion du temps semble abolie pour élever la narration sur des hauteurs contemplatives. Enfin, théâtrale et contrastée, la redoutable Rhapsodie espagnole, d'une perfection digitale aboutie, achève somptueusement cette invitation au voyage romantique. Au jeu des comparaisons, Jean-Baptiste Fonlupt, pour chacune de ces pièces, prend place parmi les premiers de cordée.