Jean-Baptiste FONLUPT

CD Correspondances - Jérémie Bigorie, Classica (5 Étoiles)

Enregistré au théâtre Charles-Dullin de Chambéry, ce récital met en miroir deux œuvres phares du romantisme, aux dédicaces croisées. Les premières mesures de la Fantaisie témoignent de la lucidité musicale de cet ancien élève de Bruno Rigutto : magistral mais chantant, son jeu empreint d'un grand lyrisme voit loin, quand d’autres s'empressent de camper un climat inflexible. Lisztien dans Schumann (les sauts subits de la deuxième partie) comme il peut être schumannien dans Liszt, Jean- Baptiste Fonlupt ménage des contrastes sans esbroufe, avec un respect scrupuleux des dynamiques et des indications : ce « ton d'une légende » avance avec gravité, ces épisodes - si périlleux ! - d'une légèreté elfique où les rythmes pointés virent à l'obsession n'oublient pas de chanter (pp, comme indiqué) et le tempo retenu du finale, loin des vapeurs opiacées qui assoupissent, fourmille au contraire de ces détails polyphoniques en quoi abonde l’écriture schumannienne. 

Jean-Baptiste Fonlupt vaque avec un égal bonheur de la sphère intime à l'espace orchestral dans la Sonate de Liszt, d'une impressionnante coulée organique, avec des fulgurances (à 8' 24) que peu de pianistes peuvent s'autoriser en concert. On notera la belle homogénéité de registre du Yamaha CFX, le clavier se faisant camaïeu de gris que l'interprète a licence de teinter aux couleurs de son tempérament, à la fois rigoureux et passionné. Un disque à thésauriser et un artiste à suivre. 


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