Jean-Baptiste FONLUPT

CD Ballets - Melissa Khong, Classica (5 étoiles)

C'est un hommage à la danse mais aussi à la somptueuse palette qu'offre le piano, ici un Steinway cristallin avec lequel Jean-Baptiste Fonlupt pénètre les univers de Stravinsky, Ravel et Prokofiev. De cet instrument fait de marteaux et de cordes, le musicien extrait une myriade de couleurs et une clarté sans dureté, tout en préservant l'imaginaire foisonnant de ces oeuvres chorégraphiques. Petrouchka est empli de vitalité et de grâce, tableaux scintillants qui enchantent par la beauté et le raffinement du geste. Les accords éclatants de Stravinsky sont revêtus d'une élégance qui ne cherche pas l'emprise de Pollini (Deutsche Grammophon, 1971), sans pour autant se contenter de la pure technicité de Yuja Wang (DG, 2010). Mais le jeu équilibré du pianiste français sait aussi dénicher la candeur fragile de la jeune Juliette vue par Prokofiev, et lui accorder une tranquillité qui fait contrepoint au portrait déchirant signé Angelich (Erato, 2019). La Valse de Ravel repose sur une même justesse, soulignant la première inspiration de l'oeuvre: la danse, avec ses arabesques délicates sur fond d'atmosphère onirique. Un regard nostalgique à l'opposé de la vision menaçante de Lortie (Chandos, 1988) et sur lequel les Valses nobles et sentimentales sont également bâties. L'orchestre n'y est guère évoqué, car c'est le piano qui est à l'honneur dans cette traversée portant haut un monde intime et poétique.

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