CD Rachmaninov - Christophe Huss, Le Devoir

Publié le 7 novembre 2025

« Second disque de Jean-Baptiste Fonlupt chez La Dolce Volta après le fascinant Ballets. Pour traduire l'art de ce pianiste, il faut, en premier, une adéquation sonore. Le choix est ici crucial. Le son analytique de Ken Yoshida, pour Ballets, laisse place à un espace vaste, mais maîtrisé par Frédéric Briant à Namur. On se croit dans une église avec, dès l'Opus 3 n° 2, des tintements de cloches à tous crins : les préludes de Rachmaninov rejoignent les Vêpres !

L'Opus 23 n° 2, qui va jusqu'à saturer l'immense espace, montre à la fois le pari artistique et ses limites potentielles pour certains: nous ne sommes pas dans un « disque de piano », mais dans un cérémonial. Tout résonne et les aigus vibrent dans l'air avec un éclat métallique (un peu irritant), là où chez Lukas Geniusas (Piano Classics), tout reste strictement pianistique et concertant. Comme Geniusas, mais en plus torturé, Fonlupt a tout perçu de l'univers de Rachmaninov: les visions, les cauchemars, les replis sur soi. Captivant. »